Retour de la première conférence de l'Ancrage par la plume de notre philosophe Rosen
- Rosen
- 16 mai
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 mai

Merci à l’Ancrage de nous avoir permis de rencontrer ce grand psychiatre, avec cette impression d’une soirée inachevée tant Patrick Vincelet a de choses à nous dire sur ce parcours rempli d’humanité, d’humilité, de remise en question, avec cette conscience que la psychiatrie a commis des erreurs, dont une, la plus insupportable : avoir imaginé que l’autisme était lié à la fusion de la relation mère-enfant, avec les traumatismes que l’on paie encore aujourd’hui.
Il nous a rappelé que la souffrance a toujours quelque chose à nous dire, qu’elle a toujours un sens, ce que nous croyons profondément à l’Ancrage et qui nourrit notre foi en la nature humaine, même si nous avons parfois l’impression que les violences et l’histoire qu’elles portent la pervertissent. C’est lorsque nous aurons cessé de nier ce mensonge constant que cette complétude retrouvée nous permettra de construire un chemin plus paisible avec nous-mêmes et avec les autres, avec les soutiens nécessaires pour y parvenir.
Il a rappelé que, sur ce chemin, tous les métiers de la santé et du bien-être ont leur place et leur importance, et que cela commence par prendre soin de nos émotions, qui ont tant à nous dire dès l’enfance. C’est aussi pour cela que l’Ancrage est né, avec nos écoles qui vont mal et qui n’arrivent pas à répondre aux besoins fondamentaux de nos enfants, qui, pour l’Ancrage, sont l’autonomie, l’amour, l’exemplarité, la joie. Et oui, la joie est nécessaire pour apprendre, ce guide incontournable pour exister selon Spinoza, cette joie profonde pour célébrer la vie, plus forte que l’angoisse du monde.
Il nous a rappelé l’importance de notre corps, témoin de la violence de nos vies, auquel nous devons porter attention.
Il a célébré la fragilité, qui est une forme de souplesse, même si notre monde la malmène.
Il a également présenté le concept selon lequel le comportement n’est pas la personne, comme nous le dit l’approche narrative avec son idée que le problème n’est pas la personne. Avec son art du questionnement, il nous invite à tirer les fils scintillants pour nous libérer de toutes nos étiquettes accumulées au fil de nos vies, et enfin voir que le problème est le problème, et que la personne est la personne.
Il nous a partagé son incompréhension face à l’expression « faire son deuil », ce qui n’arrivera jamais car on vit avec les êtres aimés malgré la mort, avec la philosophie pour apprendre à vivre et à mourir.
Nos adolescents doutent de tout, y compris de leurs parents, ont peur de l’échec, de la solitude, et ont besoin de leur jardin secret, que les réseaux sociaux viennent nourrir avec cette addiction dangereuse. L’Ancrage organisera une thématique dédiée.
Il nous somme de leur parler vrai, dans notre vulnérabilité qui permet la rencontre, de dire qu’on est là, qu’on les aime, tel un mantra, malgré les difficultés et les incompréhensions.
Il nous a mis en garde contre la banalisation de la santé mentale et la systématisation de la médicalisation, nous invitant à nous questionner sur ce qu’est la normalité, avec une forme de co-responsabilité de la santé mentale, qui rimerait peut-être avec notre obsession de la réussite ? D’ailleurs, qu’est-ce que la réussite ? Au passage, l’anthropologue Pascal Picq s’interroge sur l’impact de cette réussite sur le chaos du monde et sur notre lien à l’autre, à la diversité, et ce qu’elle dit de nous ! D’ailleurs, où commence la folie ? Il nous a interrogés sur le pouvoir de la réussite sur cette santé mentale, avec la violence d’une relation parent-enfant pouvant tourner autour de cette obsession de la réussite, qui prend toute la place, avec nos enfants qui pourraient jouer par procuration la réussite que nous aurions voulue pour nous. Avec cette question qui est sortie au milieu de sa conférence : « Qui suis-je ? » Une question importante, où nos enfants sont aussi là pour nous rappeler qui nous sommes, et non ce que nous aurions aimé être ; la question la plus importante aussi à nous poser individuellement et collectivement pour faire de cette crise existentielle, humaniste, écologique, planétaire que nous traversons, l’opportunité de changer, comme nous y invite le philosophe Bruno Latour, et de co-construire ce paradigme de la Néoticité que nous annonce le philosophe et physicien Marc Hallevy, pour sortir enfin de cette philosophie de l’infantilité dictée par le paradigme de la modernité, afin de retrouver la confiance en nous, dans les autres, dans la vie.
Merci à tous ceux qui ont partagé ce moment, qui signe l’ambition de l’association l’Ancrage, de sa présidente Laetitia Ettori, qui a profondément et chaleureusement animé ce débat avec une empathie unique et magnifique, soutenue par son collectif dédié, pour retrouver le chemin de l’amour à partir de notre élan vital, afin de donner du sens à nos vies. 💞
Bibliographie Patrick Vincelet :
. Le psychologue et l’éducation, Paris, épi, collection hommes et groupe, 1993.
. Dictionnaire de psychologie sous la direction de Norbert Sillamy, deux tomes, Bordas, 2000.
.Mon enfant bouge tout le temps, il a du mal à apprendre, Paris Épi DDB 2003, avec l’institut de l’enfant NY
. La cécité psychique dans Neuropsychiatrie de l’adolescence : perspective psychiatrique, revues (69. 48), numéro spéciaux, 2004.
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